Des découvertes archéologiques remarquables...

En 1971, Pierre DEMOLON archéologue au musée de Douai effectuait le sauvetage d’une cave gallo-romaine de 2,60 m x 2 m mise au jour lors de la construction d’une maison individuelle (parcelle B 2 n°149). Dans le comblement de cette cave, nombreux grains de blé, monnaies du IIè siècle, céramique, clous et anneaux, épingles, puis ossements d’animaux ont été découverts. 

Sur le terrain, on découvrit également des tuiles, tessons et ossements humains provenant de tombes perturbées.

 En 1975, lors de la construction d’un complexe sportif, (parcelle Zh 60) Guy SOUDAN et Denis GAILLARD interviennent sur un ensemble de structures gallo-romaines :

  • un puits de 32 m de profondeur
  • des fragments de colonnes, tuiles et tessons
  • un bâtiment avec vestibule et plusieurs départs de murs
  • une cave de 3,50 m x 1 m
  • un petit hypocauste de 2,70 m x 2,30 m (il s’agit d’un système de chauffage par le sol. Un foyer placé sous le pavage de la maison diffuse la chaleur dans celle-ci par le biais de conduits circulant dans les parois)…
  • des monnaies du IIIè siècle, de la céramique sigillée… (céramique dont les caractéristiques résident essentiellement dans la qualité de la pâte orange à rouge, ainsi que dans son « vernis » brillant, résultat d’un bain ; elles sont souvent décorées de figures obtenues dans un moule au moyen de poinçons)…
  • vers le cimetière : une vingtaine de tombes à inhumation du Bas-Empire avec peu de mobilier

En 1978, les terrassements préparatoires à la construction de logements sociaux ont permis de mettre au jour les niveaux d’occupation archéologique. Un premier sondage a été effectué par Denis Gaillard cette même année. Une seconde cave a alors fait l’objet d’une fouille ; à ces interventions de sauvetage s’ajoutent de nombreuses découvertes dues aux prospections de surface ou à la photographie aérienne.

En 1979, en apprenant le projet de construction de maisons individuelles sur la parcelle B 149, en bordure de la rue Basse, (lieu-dit « le Village »), M. LEMAN, Directeur des Antiquités Historiques et Préhistoriques de la région Nord-Pas de Calais délivre une nouvelle autorisation de fouilles. Cette autorisation fut à l’origine de campagnes de fouilles qui se prolongeront jusqu’en 1986.

L’époque gallo-romaine (-57 - Vème siècle) est attestée par la découverte de nombreux puits d’extraction de craie, de 7 autres caves, d’une officine de potiers (c’est à dire d’un atelier où se côtoient lieux d’extraction de l’argile, bassins de décantation, lieux de fabrication et fours de potiers), d’un hypocauste (voir ci-dessus), de tombes à inhumations, d’une villa, d’une centaine de trous de pieux et de quelques fondations.

L’époque mérovingienne (481-751) est marquée par une importante nécropole du VIè-VIIè siècle où 347 sépultures ont été recensées à ce jour. Les tombes sont orientées Nord-Ouest, Sud Est.

Près des squelettes ont été retrouvés, poterie funéraire aux pieds, fibules, boucles de ceinture, de chaussure, fermoirs d’aumonière (de bourse) chez les hommes ; rouelles (petites roues en bronze), colliers d’ambre, bagues… chez les femmes.

De nombreuses armes de l’époque mérovingienne (francisque = hâche ; épées, boucliers, lances et scramasaxes = grand couteau) ont également été mises au jour.

La majeure partie du mobilier unique découvert dans ces tombes est actuellement conservée et en partie exposée au Musée des Beaux-Arts de Cambrai.

D’autre part, cette nécropole a fait l’objet d’une étude ostéo-archéologique permettant de connaître les caractéristiques physiques de la population étudiée.

Cette période est également attestée par un bâtiment rectangulaire en pierres de 13 x 5 mètres édifié au centre du cimetière probablement détruit par incendie au IXè siècle, bâtiment comportant le symbole chrétien du poisson (Jesus Christ, fils du Dieu sauveur).

L’époque carolingienne est représentée par 13 fonds de cabanes (habitat ou atelier artisanal) et 23 silos de stockage.

En 1982, les premières cabanes sont reconstituées par Denis Gaillard et Bernard Florin (archéologue municipal de Cambrai) jusqu’à leur abandon en 1985 suite à la dégradation naturelle.

En 1983, la commune fait l’acquisition des parcelles fouillées qui couvrent une surface d’environ 8000 m2.

En 1986, les premiers bâtiments achevés, in situ, sont la cave et la grange. Ces reconstitutions sont réalisées selon les techniques identifiées en fouilles.

Jusqu’en 1991, le site est animé par Denis Gaillard et une équipe de bénévoles. Chaque reconstitution et entretien constitue une animation à laquelle le visiteur peut assister.

L'Archéo'site, depuis 1991...

En 1991, la structure d’accueil de l’Archéo’site est modifiée pour recevoir le public (guichet et billetterie). La Société Historique de Vinchy, née en 1975, à l’origine de la création du site est dissoute. Une nouvelle dénomination est donnée : « Archéo’site de Les Rues des Vignes ».

En 1995, un comité de pilotage composé d’universitaires, d’archéologues, d’une représentante de la D.R.A.C. et de délégués du tourisme est créé pour la valorisation de l’Archéo’site.

En 1998, est inauguré un nouveau bâtiment pédagogique : bâtiment d’exposition et d’animation, il a pour but de proposer des outils d’aide à la compréhension et à l’interprétation d’un site archéologique et d’un site comme celui de Les Rues des Vignes, en particulier. Une signalétique contemporaine est positionnée sur le site pour accompagner les visiteurs dans leur découverte.

En 2001, Arnaud GABET est nommé directeur de l’Archéo’site. De nouvelles animations pédagogiques sont mises en place ainsi qu'une programmation culturelle plus fournie. Ainsi, un cycle de conférences annuel est instauré pour inaugurer la saison culturelle.

En 2004, l’Archéo’site se dote d’un site internet. Dans une première phase (1982-2004), l’équipe d’animation de l’Archéo’site a restitué sur les bases archéologiques « un village carolingien » en utilisant les données connues pour des édifices similaires… Toutefois, ces constructions ont toléré certaines approximations : dimensions des structures pas toujours respectées, utilisation de poteaux ne correspondant pas nécessairement au diamètre d’origine, d’éléments de charpente bien équarris et cloués, de chaux hydraulique sur les murs…

Le parc devant être restauré, un vaste projet de reconstruction des cabanes de l’Archéo’site a été engagé entre 2005 et 2009. A partir d’un même plan de fouille, des archéologues et spécialistes de l’habitat rural du Haut-Moyen-Age se sont associés pour proposer une relecture des structures découvertes. Une attention particulière a été portée :

  • aux dimensions des structures,
  • au choix de constructions représentatives des 10ème et 11ème siècle,
  • au choix des matériaux et de leur mise en œuvre.

Les bois sont désormais sélectionnés en forêt, écorcés à la plane. Les poteaux porteurs, brûlés à leur base sont ancrés dans des excavations dans le sol. Les liens végétaux sont privilégiés pour fixer le chaume sur la toiture. Des bois plus bruts sont utilisés pour réaliser l’ossature et la charpente. Des analyses sont effectuées pour tenter de restituer l’aspect du torchis du premier millénaire.

2005 voit naître un espace d’animations pédagogiques. Il a été décidé de distinguer différentes zones sur l’espace de visite, pour une meilleure lisibilité et compréhension du site. Le Comité de pilotage est parti du constat suivant : les ateliers du premier millénaire n’étaient pas destinés à accueillir du public et étaient encore moins adaptés aux normes de sécurité contemporaines. Il a été décidé de restituer de spacieux ateliers de 9 mètres de longueur sur 3 mètres de largeur, en matériaux semi-traditionnels à l’image des constructions flamandes du XIXè siècle afin que les visiteurs fassent bien la distinction entre les restitutions archéologiques et les bâtiments destinés à l’animation. A cette occasion furent créés des ateliers de forge, bronze, textile et poterie.

En septembre 2013, la gestion de l'Archéo'site est tranférée à la Communauté d'agglomération de Cambrai. Cela se traduit pas le développement d'une programmation cuturelle plus ambitieuse, par un projet d'extension du bâtiment pédagogique et par une réflexion sur la scénographie du site de vestiges et de reconstitutions.